« Se vêtir est un besoin élémentaire. C’est aussi une condition essentielle de la dignité. Face à l’augmentation considérable de la précarité à Genève, les associations doivent joindre leurs ressources et leurs compétences. » Pour Stéphanie Lambert, directrice générale, le partenariat qui lie désormais la Croix-Rouge genevoise à Caritas Genève et au Centre social protestant dans le cadre du Vestiaire social répond aussi bien à une nécessité conjoncturelle qu’à une exigence d’efficience au service des personnes confrontées à la précarité dans notre canton.
Le Vestiaire social est né de deux initiatives distinctes de Caritas Genève et du Centre social protestant dans le contexte, respectivement, de la Seconde Guerre mondiale et de l’arrivée de réfugiés hongrois en 1956. En 2004, ces organisations décident de créer un lieu unique de distribution gratuite de vêtements, chaussures et linge de maison, destiné à toute personne munie d’un bon d’un service social agréé. Géré conjointement, le Vestiaire social est aujourd’hui piloté par une responsable, Typhaine Guihard, entourée d’une équipe comprise en grande partie de bénévoles et de personnes en réinsertion socio-professionnelle.
Covid : naissance d’une première collaboration
« En 2020 et 2021, lors de la crise Covid, les commerces de détail ont dû fermer durant les périodes de semi-confinement. Devant fermer temporairement sa boutique de la rue des Acacias, où ses bénéficiaires pouvaient s’habiller gratuitement, la Croix-Rouge genevoise les a alors redirigés vers le Vestiaire social », se remémore Typhaine Guihard.
Fortes de ce premier succès et face à l’augmentation constante de la demande, les associations partenaires décident de pérenniser leur collaboration. Pour la Croix-Rouge genevoise, cette réorganisation permet aux donateurs comme aux bénéficiaires de distinguer aisément les Vêt’Shop, boutiques de seconde main dont les bénéfices servent à financer les projets, de la distribution gratuite de vêtements réservée aux personnes en situation de grande précarité. « Le Vestiaire social, comme nos boutiques, est approvisionné par des dons. Nos bénéficiaires y trouveront un assortiment complet de vêtements, dans un lieu unique et facilement identifiable », poursuit Stéphanie Lambert.
Pour Caritas Genève et le Centre social protestant, l’arrivée de la Croix-Rouge genevoise au Vestiaire social permet de clarifier et de faciliter l’accès à ce service de base.
Près de 10 000 distributions en 2022
C’est que les enjeux ne manquent pas. En 2022, la fréquentation du Vestiaire social a augmenté de 48% par rapport à 2021. 9 810 distributions ont ainsi été assurées en faveur des personnes et des familles vulnérables du canton (contre 6 637 en 2021). Cette importante hausse s’explique certes
par l’arrivée à Genève des personnes en provenance d’Ukraine dès février 2022 (2 309 distributions). D’autres facteurs entrent cependant dans cette augmentation, qui atteint 13% par rapport à 2021 si l’on ne tient pas compte des besoins des réfugié-es ukrainien-es. Parmi les groupes de bénéficiaires majoritaires, la population suisse figure ainsi en deuxième position (709 distributions). Ces chiffres sont autant d’indicateurs de l’évolution de la grande précarité à Genève et méritent d’être recoupés avec ceux des Colis du Cœur, qui enregistraient en 2022 une hausse importante du nombre de ses bénéficiaires (7 526 personnes par semaine en décembre 2022, contre 6500 en moyenne en 2021).
Dans ce contexte, les dons spontanés de vêtements en faveur du Vestiaire social sont loin de suffire. Des efforts renouvelés doivent porter sur l’organisation de collectes et la recherche de fonds, pour l’achat de nombreux vêtements manquants. La nouvelle convention signée entre la Croix-Rouge genevoise, Caritas Genève et le Centre social protestant vise précisément à relever ce défi, pour permettre au Vestiaire social de réaliser sa mission et assurer la dignité des personnes.